Accès à ChroQué depuis le Fonds de données linguistiques du Québec (FDLQ). Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.

Galerie des chroniqueurs

Louis Fréchette (1839-1908)

Louis FréchetteLouis Fréchette est né le 16 novembre 1839 à Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy et il est décédé à Montréal le 31 mai 1908, à l’âge de 68 ans. Très tôt, il développa un goût pour la poésie et c’est au collège des frères des Écoles chrétiennes qu’il sera sensibilisé à la littérature canadienne, notamment à la poésie d’Octave Crémazie à qui il vouait une grande admiration (voir Klinck, 1955 : 15, et Serre, 1928 : 206). Après son cours classique, commencé en 1854 au Petit séminaire de Québec et terminé au Séminaire de Nicolet en 1860, il fait des études de droit à l’Université Laval ; il sera admis au barreau en 1864, mais connaîtra peu de succès dans la pratique du droit, ce qui l’amènera d’abord à se tourner vers le journalisme et, plus tard, à tenter une carrière en politique.

Ses convictions politiques et son profond sentiment patriotique, son amour de la langue française et l’importance qu’il accordait à une éducation de qualité l’amèneront à engager diverses polémiques dans les journaux. Libéral de gauche opposé aux idées conservatrices du pouvoir de l’époque ainsi qu’au projet de Confédération canadienne, il s’expatrie à Chicago en 1866, où il a vécu un certain temps. C’est au cours de cette période qu’il fait paraître La voix d’un exilé (1866), pamphlet en forme de poème qui constitue « une violente charge contre les conservateurs […] et leur projet de confédération » (Hare, 1980 : 772) et qui contribua à accroître sa renommée au Canada français en raison de la polémique qu’il engendra dans les journaux de l’époque (voir D’Arles, 1924 : 12, et Blais, 1993 : 89). Outre le pamphlet, il s’est adonné à différents autres genres littéraires (conte, théâtre), mais la poésie occupe une place prépondérante dans son oeuvre ; un de ses recueils (Les Fleurs boréales. Les oiseaux de neige, 1879) est même couronné par l’Académie française en 1880.

Sa préoccupation pour la sauvegarde et l’épuration de la langue de ses compatriotes se manifeste dans sa préface aux Fautes à corriger que son collègue et ami Alphonse Lusignan publiera en 1890, mais surtout dans sa chronique de langage intitulée « À travers le dictionnaire et la grammaire. Corrigeons-nous ! ». Publiée hebdomadairement dans trois journaux différents, elle s’est échelonnée sur six périodes comprises entre 1893 et 1903 : d’abord dans La Patrie, du 8 juillet 1893 au 3 novembre 1894, puis du 26 janvier au 6 juillet 1895 et du 4 janvier au 15 février 1896 (entre ces deux dernières périodes, alors que Fréchette effectue un voyage en France, la chronique est assurée par Raoul Rinfret) ; ensuite dans La Presse, du 3 mars au 6 novembre 1897, puis du 21 octobre 1899 au 13 janvier 1900; enfin dans Le Canada, du 30 mai au 25 juillet 1903. Dans cette chronique, Fréchette n’a qu’un but : « enseigner à [ses] compatriotes [...] la manière dont on écrit et parle le français en France » (La Presse, Montréal, 4 novembre 1899, p. 11), comme il le reconnaît lui-même. Destinée principalement à apporter des réponses aux questions de lecteurs qui faisaient appel à sa compétence en matière de langue française, cette chronique était également pour lui l’occasion de critiquer et de condamner la langue de ses confrères journalistes. Les prises de positions normatives exprimées par Fréchette étaient généralement tranchées et sa chronique n’a pas manqué de susciter plusieurs réactions dans les journaux de l’époque, dont celle de Firmin Paris, qui fait figure de véritable « contre-chronique » (à propos de cette réaction, voir Saint-Yves, 2003).

Dans la base ChroQué, la chronique de Fréchette est identifiée par le sigle FréchCorr et chacun des billets qui la constituent est numéroté de 001 à 155. Bien qu’ils aient été intégrés à cette chronique, les billets numérotés de 060 à 068 ne sont peut-être pas de Fréchette ; portant le sous-titre de « Collection des synonymes », ces billets sont en effet parus alors que Fréchette effectuait un voyage en France. — Frédérick Gagné et Claude Verreault, Université Laval.

Références

Blais, Jacques (1993), avec la collab. de Luc Bouvier, Guy Champagne et Nive Voisine, « Introduction, note sur l’établissement du "ParaVerda13", chronologie », dans Louis Fréchette, Satires et polémiques ou l'École cléricale au Canada, édition critique par Jacques Blais, avec la collab. de Guy Champagne et Luc Bouvier, vol. 1, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal (« Bibliothèque du Nouveau Monde »), p. 9-121.

D'Arles, Henri (1924), Louis Fréchette, Toronto, The Ryerson Press (« Makers of Canadian Literature »), 127 p.

Fréchette, Louis (1866), La voix d'un exilé. À mes amis libéraux du Canada, [Chicago, s.é.], 8 p.

Fréchette, Louis (1879), Les fleurs boréales. Les oiseaux de neige. Poésies canadiennes, Québec, C. Darveau Imprimeur, 268 p.

Hare, John (1980), « La voix d'un exilé, poème de Louis Fréchette », dans Maurice Lemire (dir.), Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, tome 1 (Des origines à 1900, avec la collaboration de Jacques Blais, Nive Voisine et Jean Du Berger ; 2e éd. revue, corrigée et mise à jour), Montréal, Fides, p. 772-774.

Klinck, George A. (1955), Louis Fréchette, prosateur. Une réestimation de son oeuvre, Lévis, Le Quotidien Limitée, xv-236 p.

Saint-Yves, Gabrielle (2003), « L’idéologie à travers les questions de langue. Riposte de Firmin Paris à la chronique de langue de Louis Fréchette », Globe. Revue internationale d’études québécoises, Montréal, vol. 6, no 2 (La circulation des discours, sous la resp. de Michel Lacroix), p. 123-146.

Lusignan, Alphone (1890), Fautes à corriger. Une chaque jour, Québec, C. Darveau, xxvi-179 p.

Serre, Lucien (1928), Louis Fréchette. Notes pour servir à la biographie du poète, Montréal, Les Frères des Écoles Chrétiennes, 277 p.

Autres sources consultées

Beaudet, Marie-Andrée (1991), Langue et littérature au Québec, 1895-1914. L'impact de la situation linguistique sur la formation du champ littéraire, Montréal, L'Hexagone (« Essais littéraires »), 221 p.

Blais, Jacques (1994), « Fréchette, Louis », dans Ramsay Cook et Jean Hamelin (dir.), Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 (De 1901 à 1910), Québec, Les Presses de l'Université Laval, p. 388-392.

Blais, Jacques, Hélène Marcotte et Roger Saumur (1992), Louis Fréchette, épistolier, Québec, Nuit blanche éditeur (« Les Cahiers du Centre de recherche en littérature québécoise de l'Université Laval, série Séminaires, 4 »), 76 p.

Dugas, Marcel (1934), Un romantique canadien. Louis Fréchette, 1839-1908, Paris, Éditions de la « Revue Mondiale », 294 p.

Marion, Séraphin (1972), « Louis Fréchette et le Canada français d'autrefois », Les Cahiers des Dix, Québec, no 37, p. 123-157.

Crédit photo

Archives nationales du Québec à Québec : ANQQ (P1000,S4,PF27).


© 2011, ChroQué. Tous droits réservés.
CATIFQ (nouvelle fenêtre)Université de Sherbrooke (nouvelle fenêtre)