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Galerie des chroniqueurs

Firmin Paris (1841-1914)

Firmin ParisFirmin Paris (ou, de son nom véritable, Maxime Hudon) est né le 19 décembre 1841 à Saint-Denis de Kamouraska et il est décédé le 6 octobre 1914 à Berthier-sur-Mer, où il s’était retiré en 1896, « alors que sa mauvaise santé l’obligea à quitter le saint ministère » (Anonyme, 1914). Après des études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à Rimouski, à Nicolet, puis à Québec, il a été ordonné prêtre à Kamouraska le 11 juillet 1869. D’abord professeur au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, où il a enseigné la littérature pendant une année, il a ensuite exercé son ministère dans diverses paroisses de la région de Québec (à l’île d’Orléans, notamment), de la Côte-du-Sud et du Bas-Saint-Laurent. Malgré ce qu’affirme Gabrielle Saint-Yves (2003), il n’était donc pas « de Chicoutimi » (p. 126) et il n’a jamais « travaill[é] pour le journal La Défense » (p. 143) publié dans cette ville. En 1907, il fera paraître un recueil de poèmes intitulé Sentiments et souvenirs, auquel Camille Roy consacrera quelques pages dans ses Érables en fleurs (1923 : 113-129). Tout en se montrant sensible au lyrisme et au romantisme qui caractérisent ce recueil, Camille Roy estime cependant qu’il n’est pas de la plus grande valeur littéraire :

Avouons-le, l’âme de la nature et l’âme des choses, et tous les sentiments et tous les souvenirs qui s’éveillent dans la conscience, ne trouvent pas assez souvent en M. Hudon l’interprète qui les peut très fortement ou suavement exprimer. La poésie de M. Hudon veut bien être chaude et vibrante ; elle n’y réussit pas suffisamment. Et l’on sent parfois que le poète agite, secoue ses ailes qui n’ont pas assez d’envergure. Et plus d’une fois l’artiste a dû être mécontent de son oeuvre, et se répéter à lui-même, avec notre Crémazie : « Les poèmes les plus beaux sont ceux que l’on rêve, et que l’on n’écrit pas ».

Il manque donc à ces poésies, qui brillent parfois d’un bel éclat, une lumière et des couleurs plus vives, une inspiration plus soutenue et plus profonde. Et il semble bien parfois que si l’auteur avait plus scrupuleusement retouché ses vers, s’il les avait davantage remplis et assouplis, il eut donné à son recueil une valeur littéraire plus grande, que nous pouvions espérer. Les thèmes qu’il développe sont beaux, et lyriques ; l’expression n’est pas assez jaillissante, ou elle n’est pas assez travaillée et ciselée. Que si le poète nous déclare qu’il n’est pas de son fait de tant polir ses vers, et de leur donner des reflets si chatoyants ; que sa modestie ne peut aller jusqu’à cette recherche du bel effet, nous lui répondrons que l’art ne se peut contenter des demi soins, et qu’au surplus il arrive souvent que l’humilité, même sacerdotale, n’est qu’une forme de la négligence. (p. 127-128).

Comme la plupart des hommes de lettres de son temps, Firmin Paris s’intéressait aussi à la langue. En 1902-1903, il signera, dans La Semaine religieuse de Québec, une courte chronique de langage intitulée « Glane philologique ». Cette chronique est l’occasion pour lui non seulement de se porter à la défense de la langue populaire, « qu’un zèle trop peu éclairé travaille à dépouiller de [ses] possessions légitimes » (Paris, 1902a : 612), mais aussi d’écorcher au passage tous les puristes qui ne jurent que par les dictionnaires :

[...] On sait, en effet, comme elles sont communes les personnes qui croient qu’un mot n’est pas français, ou ne peut avoir tel sens, à cause du seul fait que ce n’est pas noté dans leur dictionnaire. Ces personnes oublient que les langues ne sont pas faites par les faiseurs de dictionnaires, mais bien par ceux qui les parlent. Le lexicographe ne fait qu’enregistrer l’usage ; et, tout naturellement, il ne peut enregistrer que ce qui est venu à sa connaissance. Or, ces écrivains n’ont guère l’habitude des grandes relations avec la classe populaire, ouvrière ou agricole. Il s’ensuit qu’un terme peut être fort longtemps plein de l’usage le plus fréquent sans qu’ils n’en sachent rien. (Paris, 1902b : 45)

Dans la base ChroQué, cette chronique de Firmin Paris est identifiée par le sigle ParGlane et chacun des billets qui la constituent est numéroté de 001 à 006. Bien que très brève, cette chronique est intéressante à plus d’un titre, ne serait-ce que pour les nombreuses réactions qu’elle a suscitées et qui ont également été versées dans la base ChroQué ; mentionnons notamment celles de l’abbé François-Xavier Burque (1902a, 1902b, 1902c, et 1903), concernant l’étymologie du verbe cheniquer.

Fils de cultivateur, Firmin Paris a toujours fait preuve de beaucoup de respect et d’attachement pour la langue populaire en usage au Canada. Avant même d’entreprendre la rédaction de sa « Glane philologique », il n’avait d’ailleurs pas hésité à s’opposer aux condamnations sans appel dont elle était souvent l’objet de la part de Louis Fréchette dans sa chronique de langage intitulée « À travers le dictionnaire et la grammaire. Corrigeons-nous » (voir Paris, 1899-1900). — Claude Verreault, Université Laval.

Références

Anonyme (1914), « M. l’abbé Maxime Hudon », La Semaine religieuse de Québec et Bulletin des oeuvres de l’Action sociale catholique, 27e année, no 7 (15 octobre), p. 104.

Paris, Firmin [pseud. de Maxime Hudon] (1899-1900), « M. Louis Fréchette et la langue française », La Défense, Chicoutimi, 2 novembre 1899 – 1er février 1900.

Paris, Firmin [pseud. de Maxime Hudon] (1902a), « Glane philologique », La Semaine religieuse de Québec, Québec, vol. 14, no 38, 10 mai 1902, p. 611-615.

Paris, Firmin [pseud. de Maxime Hudon] (1902b), « Glane philologique. "Cheniquer” », La Semaine religieuse de Québec, Québec, vol. 15, no 3, 6 septembre 1902, p. 44-46.

Paris, Firmin [pseud. de Maxime Hudon] (1907), Sentiments et souvenirs. Deuxième série : Au large, Québec, Léger Brousseau imprimeur, 184 p.

Roy, Camille (1923), Érables en fleurs. Pages de critique littéraire, Québec, Imprimerie de l’Action Sociale limitée, 234 p.

Saint-Yves, Gabrielle (2003), « L’idéologie à travers les questions de langue. Riposte de Firmin Paris à la chronique de langue de Louis Fréchette », Globe. Revue internationale d’études québécoises, Montréal, vol. 6, no 2 (La circulation des discours, sous la responsabilité de Michel Lacroix), p. 123-146.

Autres sources consultées

Allaire, J.-B.-A. (1908), Dictionnaire biographique du clergé canadien-français. Les contemporains, Saint-Hyacinthe, Imprimerie de « La Tribune », p. 303.

Anonyme (1931), « L’abbé Maxime Hudon », Le Bulletin des recherches historiques, Lévis, vol. 37, no 4 (avril), p. 246.

Catalogue des anciens élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Québec, L’Action sociale Limitée, p. 70-71 et 271.

Wallace, Stewart William (éd.), The Macmillan Dictionary of Canadian Biography, Toronto, Macmillan of Canada, p. 371. [4e éd. revue, enrichie et mise à jour par W. A. McKay.]

Crédit photo

Musée de la civilisation, fonds d'archives du Séminaire de Québec (Ph1998-1042).


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